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Statues anciennes, petits pénis : mais pourquoi ?

Statues anciennes, petits pénis : mais pourquoi ?

 

Ellen Oredsson, historienne d’art, donne une intéressante réponse à cette petite question – qui turlupine le conscience collective :

 

Toutes les représentations de l’art et la littérature de la Grèce antique associent les grands pénis à des hommes lubriques et insensés, ou à des semi-animaux comme les satyres. L’homme idéal grec en revanche, était rationnel, intellectuel et autoritaire. Il pouvait avoir beaucoup de rapports sexuels, mais ce n’était pas connecté à la taille de son pénis. En avoir un petit lui permettait de garder la tête froide et son sens logique.

 

En somme, le sexe ne doit pas prendre trop de place – ni physiquement ni intellectuellement. C’est intéressant parce que cette histoire de vases communicants imprègne toujours notre culture : on blague sur les possesseurs de grosses bagnoles qui auraient des choses louches à compenser. On estime qu’un mec à gros pénis aura des besoins sexuels plus intenses, ou des difficultés à se contrôler (le cliché a amplement été utilisé contre les Noirs). On prétend sans sourciller que les femmes à petits seins sont plus intellos que celles à gros seins, qui seraient plus « généreuses » et plus chaudes – quant à celles qui auraient des seins artificiels, elles seraient forcément décérébrées. Certes, notre culture valorise les gros pénis, mais ils attirent toujours un peu la suspicion.

Complétons avec le magazine Histoire qui consacrait en 2009 un immense article à cette nudité si spécifique ;

Les héros grecs sont dotés de sexes enfantins et les représentations de verges de taille « adulte » relèvent de la pornographie. Aristophane (Nuées, v. 1010) en donne indirectement l’explication dans un passage où Raisonnement juste et Raisonnement injuste s’affrontent. Selon le premier, « en suivant mes leçons, tu auras toujours le teint bien vermeil, les épaules larges, le torse musclé, la fesse dodue, la verge menue » . Alors que les manières du temps présent, l’éducation moderne donnent « le teint blafard, les épaules maigres, le torse fluet, la fesse chétive, la verge pesante » . C’est dire clairement que l’homme bien éduqué offre au regard des autres un sexe modeste : on est bien au niveau des représentations puisque l’éducation a peu de chances d’influer sur la physiologie ! La nudité décente exhibe donc un sexe bien visible mais dépourvu de turgescence. Découvrir le gland ou le laisser deviner, par exemple, est insupportable. Les athlètes utilisent à cette fin une fine bande de cuir kunodesmè, « laisse de chien » qui, attachée à la taille ou à la base du pénis, noue l’extrémité du prépuce afin d’empêcher le gland d’apparaître.

Fascinant, non ? Si vous êtes branchés histoire de l’art, je vous recommande sur le site d’Ellen Oredsson les billets à caractère sexuel suivants :

– Une histoire de pubis sans poils dans l’art,

– Une histoire du nu féminin – avec en ouverture la question qui tue : pourquoi certaines représentations de corps de femmes sont au musée, alors que je ne peux pas montrer mes tétons sur une plage, et que sur Internet ce serait de la pornographie ?

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